Jacques Sullivan. Le client n’est pas banal et son brief est monstrueux : l’épouvanteur notoire de Monstropolis contacte notre agence social media en tant que successeur d’Henry Waternoose à la tête de la gigantesque usine de production d’énergie de la ville.
Ses attentes ? Redorer l’image ternie de l’entreprise (dont l’ex-directeur vient d’être arrêté) tout en communiquant sur sa nouvelle orientation business où le rire des enfants devient la principale source d’énergie au détriment de leurs cris.
PHASE 1 : CONSTAT & PROBLÉMATIQUE
Pour mieux comprendre les enjeux, les équipes mobilisées par Ruche & Pollen se sont fendues d’un diagnostic sans concession sur la situation de l’établissement.
Une image à restaurer pour une entreprise familiale vieillissante
UNE DIRECTION TROP PASSÉISTE
Malgré une notoriété toujours plus forte, Monstres & Compagnie s’est peu à peu constitué l’image d’une firme dynastique, patriarchale et conservatrice qui peine à se réinventer.
Monstres & Cie a été créée en pleine période de révolution industrielle durant laquelle plusieurs familles notables dirigeaient les grandes entreprises de la ville. Incarnant la troisième génération, Henry Waternoose a hérité de la société à ses 142 ans.
En dépit de quelques innovations ponctuelles, le directeur a globalement peiné à imprimer une vision novatrice et moderne à l’institution.
Illustration du peu de crédit accordé à Henry Waternoose, celui n’arrive qu’en 17ème position du classement des investisseurs à suivre pour l’année établi par Monstruosity Fair
DES CAMPAGNES MEDIA TROP TRADITIONNELLES
La communication de la firme est à l’image de son directeur : en retard. Si la télévision et l’affichage restent des leviers importants, l’utilisation des médias de masse ne pousse pas à l’interactivité et reste trop verticale.
Monstres & Cie se contente d’occuper l’espace à la télévision
Aujourd’hui, le consommateur dialogue et participe avec la marque. D’autres acteurs et entreprises de Monstropolis l’ont compris : le restaurant Harryhausen présente par exemple ses recettes en live.
Encore mieux : l’agence Facebook en charge du compte répond aux questions du public interpellé par certaines étapes dont la réalisation devient délicate pour ceux qui n’ont pas la chance d’avoir 8 bras.
Harryhausen joue la carte de l’interactivité
Une technologie qui n’est pas assez mise en valeur
Monstres & Compagnie dispose d’un matériel de haute qualité installé dans des infrastructures gigantesques, à l’image de la salle de stockage qui abrite 36 millions de portes pour une hauteur de 400m. Ce potentiel productif inégalé n’est cependant pas exploité à sa juste valeur.
La salle de stockage dépasse la hauteur du world trade center
L’utilisation de la réalité augmentée pour entraîner les épouvanteurs ou l’élaboration de conteneurs dernier cri n’a pas de sens si ces innovations sont mises au service d’un business model bancal.
Aujourd’hui, le cri d’un enfant comme source d’énergie ne suffit plus et l’absence d’alternative menace la pérennité de la structure à moyen terme, à la lecture des besoins croissants d’une ville toujours plus peuplée et connectée.
Un métier très éprouvant et trop discriminant
Si actuellement la reconnaissance sociale est réelle pour les épouvanteurs, la réalité n’en demeure pas moins la suivante : la profession est fermée et extrêmement exigeante.
STRESS ET FATIGUE
Devenir Epouvanteur chez Monstres et Compagnie n’est pas à la portée de tous. Le processus est long et pénible : les débutants doivent subir une série de tests avant même de pouvoir s’entraîner et les quelques privilégiés restants suivent ensuite des cours pendant plusieurs années dans les salles de simulation. Beaucoup d’appelés, peu d’élus.
La compétition est exacerbée au quotidien
Pire, ceux qui sont choisis sont continuellement mis en compétition les uns par rapport aux autres au moyen d’un classement sur écran géant qui retrace leur productivité. Les mauvaises performances sont ainsi stigmatisées et ce système qui se voulait source de motivation devient surtout un motif de tricherie (cf. Léon Randall).
Ces conditions de travail aboutissent à un taux de burnout anormalement élevé comme l’indique ce graphique de l’institut IPSOGRE.
Les burnouts sont plus fréquents et plus nombreux chez les épouvanteurs que chez les artisans-commerçants ou les employés.
ELITISME ET DISCRIMINATION
Si les meilleurs épouvanteurs se distinguent surtout grâce à une technique bien rodée, le métier en lui-même repose essentiellement sur le physique. Seuls les plus laids, les plus imposants et les plus effrayants réussissent.
Très cruel, le métier se refuse ainsi à de nombreux monstres. Trop gentils ou trop chétifs, c’est selon. Beaucoup d’enfants voient ainsi leur rêve brisé avant même qu’il n’ait débuté.
La dernière campagne de Monster Rights Watch dénonçait une nouvelle fois la discrimination à l’embauche subie par de trop nombreux candidats motivés.
Les associations militantes se sont emparées de la problématique et les campagnes signées Epouvanteurs Sans Frontières, Ni Beaux Ni Oisifs et Monsters Rights Watch prolifèrent sur Facebook.
Bilan et objectifs
Monstres & Compagnie souffre globalement d’une image écornée par sa réputation trop conservatrice et une incapacité à faire preuve d’ouverture et d’authenticité dans sa communication trop verticale. Le métier d’épouvanteur semble, quant à lui, sur le reculoir avec plusieurs polémiques naissantes.
Trois axes de progression ont ainsi été tracés :
1- Réussir la transition en mettant la jeune direction et son nouveau concept en valeur. Moderniser l’image de l’entreprise en faisant comprendre ses nouvelles orientations.
2- Recréer la réputation d’un nouveau métier plus accessible et démocratique afin de véhiculer l’idée d’une institution ouverte.
3- Accompagner ce changement par une communication de proximité plus interactive. En complément de sa modernité, l’usine se distingue en étant plus accessible et sympathique.
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